La perspective : une invention de la Renaissance italienne
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- Catégorie : Histoire des arts
- Publication : 10 février 2011
- Écrit par M. Sénégas
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Qu’est-ce que la perspective ?
La perspective : c’est l’art de représenter des objets ou des espaces en trois dimensions sur une surface à deux dimensions. Son but est de recréer l’illusion optique de l’espace et du volume en les représentant tel qu’on les voit en les regardant d’un point précis.
Lorsque l’on dessine en perspective, plus les objets sont éloignés dans l’espace plus ils semblent petits. En perspective, les lignes qui sont parallèles dans la réalité convergent vers un point de fuite sur le dessin. À la Renaissance, les artistes commencent à utiliser une perspective dite linéaire ou fuyante. Dans une perspective linéaire, toutes les lignes semblent converger vers un point de fuite (parfois il peut y avoir plusieurs points de fuite).
Raphaël, L'école d'Athènes
Perspective à deux points de fuite
Il existe une autre forme de perspective dans laquelle les droites parallèles restent parallèles sur le dessin et où les objets semblent vus d’en haut : la perspective cavalière. Il n’y a donc pas de point de fuite.
Perspective cavalière
Cette perspective n’est quasiment jamais utilisée dans la peinture occidentale mais est très pratique en architecture.
Petite histoire de la perspective
Le Moyen Âge
Au Moyen Âge, il n’y a pas de système de perspective. L’espace pictural est le plus souvent clos. A l’intérieur de cet espace clos, l’artiste met en scène des personnages régis par des rapports symboliques, sans se soucier ni d’unité de temps ni d’unité d’espace : un même personnage peut apparaître plusieurs fois et sa taille est déterminée par sa position dans la hiérarchie sociale ou religieuse. Les personnages sont souvent placés quasiment sur un même plan matérialisé par un fond d’or hérité de la peinture et des mosaïques byzantines. Ces mêmes personnages peuvent être empilés les uns sur les autres niant ainsi toute réalité de l’espace.
Un précurseur : Giotto
Giotto, Annonciation à Sainte Anne
Si Cimabue s’était déjà interrogé sur le traitement de l’espace pictural, Giotto, à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, va plus loin dans son désir de représenter les trois dimensions. Pour traiter l’espace Giotto utilise des architectures décomposées en volumes simples qui enferment, comme dans des boites, les personnages pour accentuer l’effet de profondeur. Il utilise aussi des raccourcis.
Le quattrocento (XVe siècle) réinvente la perspective
Le rôle d’un architecte : Brunelleschi
L’architecte du Duomo a peint, vers 1415, un petit panneau représentant le baptistère de Florence tel qu'on pouvait le voir depuis la porte centrale de la cathédrale, c'est à dire juste en face, à vingt ou trente mètres du baptistère. Il a pratiqué un trou à l'intérieur de ce petit panneau au travers duquel il fallait regarder par le côté non peint, et à ce moment on voyait par ce trou, apparaître le baptistère. On plaçait ensuite un miroir dans l'axe de vue et on voyait le baptistère peint, on baissait le miroir et on voyait que c'était la même chose. Brunelleschi venait de démontrer qu’il était capable de représenter exactement une architecture en perspective. Le mot perspective vient d'ailleurs du latin et signifie : voir au travers.
La perspective atmosphérique ou perspective chromatique
Léonard, La Joconde
Pour rendre l’illusion d’éloignement la perspective linéaire n’est pas suffisante. Plusieurs artistes de la Renaissance se sont intéressés à ce qu’on appelle la perspective atmosphérique ou aérienne mais c’est Léonard qui le premier l’a formulé par écrit et en est devenu un maitre. En règle générale, plus un plan est proche plus il apparaitra sombre et contrasté. Le peintre joue ensuite avec des dégradés et des couleurs estompées. Il peut également jouer avec les tons de couleurs. Les couleurs chaudes s’utilisent au premier plan et les couleur froides (vert et bleu) suggèrent l’éloignement du fond.
Julien Sénégas